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Recherches historiques autour de la Bible, de Jésus et des premiers chrétiens

YHWH Le nom divin

Le tétragramme : les quatre lettres du nom divin

Le tétragramme : les quatre lettres du nom divin

YHWH

 

Le nom divin : prononciation et signification

 

Dans la Bible, le Dieu d’Israël est désigné en hébreu par 4 lettres : Yod - Hé - Waw[1] - Hé. C’est ce qu’on appelle communément le Tétragramme : YHWH ou YHVH. On s’est longtemps interrogé sur la prononciation exacte de ce nom mystérieux et sur sa signification. En hébreu ancien, comme chacun sait, seules les consonnes s’écrivent. La vocalisation est censée être connue du lecteur. Or il est d’usage, dans le judaïsme, de ne pas prononcer le tétragramme par respect pour la divinité : une interdiction fondée notamment sur une interprétation d’Exode 20 : 7 : « Tu n’invoqueras pas le Nom de YHWH ton Dieu en vain ». Lorsqu’un hébraïsant rencontre le nom divin (les quatre lettres : YHWH) dans la Bible, il le remplace automatiquement, à la lecture, par le substantif « Adonaï » qui signifie « Seigneur » (et, dans certains cas, par « Élohim » : « Dieu »). C’est ainsi que la vocalisation exacte du Tétragramme, encore connue à l’époque de Jésus, s’est peu à peu perdue. Après la destruction du second Temple (70 apr. J.-C.), des scribes juifs appelés Massorètes ont entrepris de vocaliser l’ensemble du texte biblique par le moyen de points-voyelles afin d’en fixer la prononciation et d’éviter les confusions entre certains mots. Ils ont alors ponctué les consonnes du tétragramme (qu’il fallait prononcer « Adonaï ») au moyen des voyelles d’Adonaï : a – o – a. C’est cette vocalisation – qui en réalité n’en est pas une puisqu’il s’agit seulement, dans ce cas précis, d’une indication de substitution : « lire ici Adonaï et non YHWH » – qui, a donné naissance, par ignorance, à la forme insolite Jéhovah[2] dans le monde chrétien.

 

La lecture « Jéhovah », devenue classique, n’est donc due qu’à un malentendu. La lecture Yâho (Iaô), en revanche, est attestée par plusieurs auteurs anciens, parmi lesquels : Diodore de Sicile, Irénée de Lyon, Tertullien, Origène, Épiphane de Salamine et Macrobe. La lecture Yahweh (Iaoue, Iabe) est quant à elle attestée par Clément d’Alexandrie, Épiphane de Salamine et Théodoret. Lorsqu’il entre dans la composition des noms propres, le nom divin devient Yeho (Yehoshua, Yehoḥanan, Yehonathan, Yehoram…) – contracté en Yo (Yoḥanan, Yonathan, Yoram) – au commencement d’un nom. Il devient Yâhû (Azaryâhû, Zekaryâhû, ananyâhû, Netanyâhû, Obadyâhû…) – contracté en Yâh (Azaryâh, Zekaryâh, anayâh, Odadyâh) – lorsqu’il est à la fin.

 

Dans les Annexes de la traduction de La Bible proposée par André Chouraqui (éditions DDB, 1990, p. 2415), on trouve les précisions suivantes :

 

« IHVH serait, d’après Ex 3, 13-15, le nom propre du Dieu d’Israël. Il est impossible de savoir comment ce nom était prononcé à l’époque biblique. Depuis longtemps, il a été considéré comme ineffable et a été remplacé, dans la lecture publique, par celui d’Adonaï. À une époque récente, on a risqué de le lire Yahvé ou Yahweh. Cette lecture s’est rapidement répandue sans être solidement fondée. Le nom imprononçable garde aussi le secret de sa signification : "Celui qui est… était, sera" ou "Celui qui fait être" ? »

 

La prononciation exacte du tétragramme continue de faire débat. Mais encore faudrait-il se mettre d’accord sur la signification de ce théonyme. De nombreux spécialistes en langues sémitiques considèrent que le tétragramme YHWH est une forme archaïque du verbe « être », HYH (Hayah), conjugué à la 3e personne du masculin singulier de l’inaccompli (encore appelé « imparfait » mais qui – pour simplifier – correspond assez souvent à notre « futur ») à la forme qal (paal). Le W (Waw) se serait transformé en Y (Yod) par suite d’une tendance de la langue et la prononciation correcte du tétragramme serait alors Yahweh (Yah-weh) avec le sens de « il est », « il sera ». D’après les commentateurs de La Sainte Bible publiée sous la direction de Louis Pirot et d’Albert Clamer[3] :

 

« La véritable prononciation du tétragramme YHWH, imparfait [= inaccompli] de l’ancien verbe araméen HWH, serait selon les règles de la prononciation massorétique : yah(a)weh […] Grammaticalement la forme YaHVéH pourrait être ou l’imparfait de la forme simple (qal), "il est", ou celui de la forme causative (hiphil), "il fait être, il appelle à l’existence", ce qui évoquerait l’action créatrice de Dieu. Mais on ne connaît pas par ailleurs en hébreu de forme causative de ce verbe ; pour en exprimer le sens causatif, on se servait de préférence de la forme piel (Delitsch). »

 

On lit, en outre, sur Wikipédia (article YHWH)[4] :

 

« La forme YHWH correspond à une flexion verbale atypique de la racine trilittère היה, HYH ("être, devenir, arriver, il fait devenir"). Tel était déjà l’avis des grammairiens juifs du Moyen Âge, conforté par celui de Baruch Spinoza. »

 

Le verbe HWH, Hawâh (au peal) en araméen, signifie « être ». C’est le correspondant du verbe hébreu HYH, Hâyâh (au paal = qal), de même sens[5]. Le tétragramme est formé à partir de la racine trilittère HWH (forme piel = intensive) qui signifie « constituer », « former », « créer ». En hébreu moderne, la graphie YHWH correspond à la 3e personne masculin singulier de l’inaccompli et se vocalise : Yehaweh. Mais, en l’absence de hiphil (forme causative), le piel peut également exprimer le sens causatif. Yehaweh prendrait alors le sens de « il est [de façon absolue] » (intensif), ou celui de « il appelle à l’existence » (causatif).

 

Thierry Murcia 2001-2002 (corrections 2005)

 

[1] En hébreu ancien ce Waw doit se prononcer W (comme dans l’anglais « war »), à la façon séfarade, et non pas V comme en hébreu moderne (prononciation ashkénaze).

[2] YeHoWaH : le « a » initial très bref d’Adonaï, « shewa composé » ou « ḥataph-pataḥ », qui se trouve placé sous une gutturale (ici le Aleph d’Adonaï) au commencement d’une syllabe, redevient, sous une lettre non gutturale (ici le Yod (Y) de YHWH) un shewa simple voisé peu ou prou équivalent à notre « e » muet.

[3] Éditions Letouzey et Ané, Paris, 1956, tome I, 2e partie, p. 82-83. 

[4] Page vérifiée le 08/01/2018.

[5] Verbes à la 3e personne masculin singulier de l’accompli (« parfait »).

Stèle de Mésa (Louvre) : Une des plus anciennes mentions épigraphiques connues du Tétragramme. Dialecte moabite écrit en caractères paléo-hébraïques (c. 850 av. J.-C.). Le roi de Moab, Mésa, y exalte son propre règne. Elle n’a pas été découverte au cours de fouilles : elle gisait simplement à la surface.
Stèle de Mésa (Louvre) : Une des plus anciennes mentions épigraphiques connues du Tétragramme. Dialecte moabite écrit en caractères paléo-hébraïques (c. 850 av. J.-C.). Le roi de Moab, Mésa, y exalte son propre règne. Elle n’a pas été découverte au cours de fouilles : elle gisait simplement à la surface.

Stèle de Mésa (Louvre) : Une des plus anciennes mentions épigraphiques connues du Tétragramme. Dialecte moabite écrit en caractères paléo-hébraïques (c. 850 av. J.-C.). Le roi de Moab, Mésa, y exalte son propre règne. Elle n’a pas été découverte au cours de fouilles : elle gisait simplement à la surface.

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