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Recherches historiques autour de la Bible, de Jésus et des premiers chrétiens

Le versement de la dîme : un fondement biblique ?

Le versement de la dîme : un fondement biblique ?

Le versement de la dîme : un fondement biblique ?

Il est encore d’usage aujourd’hui, dans certaines églises et communautés issues du protestantisme – et cela est même parfois présenté comme une obligation – de réserver 10 % de ses revenus pour l’église à laquelle on appartient. C’est ce qu’on a appelle communément « la dîme ».

Dans l’ancien Israël, la dîme ne devait initialement être perçue que sur les produits de la terre (Lévitique XXVII, 30 ; Deutéronome XIV, 22, 23 ; Néhémie XIII, 5, 12 ; II Chroniques XXXI, 5) et sur le bétail (Lévitique XXVII, 32 ; II Chroniques XXXI, 6). Elle était consacrée à Dieu, c’est-à-dire, plus concrètement, aux lévites et aux prêtres (Nombres XVIII, 21, 24). Eux-mêmes devaient verser « la dîme de la dîme » (Nombres XVIII, 26, 28). Un risque existait, toutefois, que des rois détournent à leur profit les revenus de cette imposition (I Samuel VIII, 15, 17).

Du temps de Jésus, les Juifs observants les plus scrupuleux acquittaient également la dîme sur les plantes aromatiques (Matthieu XXIII, 23 ; Luc XI, 42). Jésus, pour sa part, encourage les dons volontaires (Marc XII, 41-44 ; Luc XXI, 1-4) et enseigne que celui qui donne doit le faire de façon désintéressée et sans ostentation :

« Pour toi, quand tu fais l’aumône, que ta main gauche ignore ce que fait ta main droite. »

Matthieu VI, 3.

Il critique ceux qui versent la dîme et s’en vantent (Luc XVIII, 12). Ses disciples, eux, faisaient caisse commune (Marc VI, 37 ; Jean VI, 5 ; XII, 6 ; XIII, 29) et les premiers chrétiens semblent avoir, un certain temps du moins, mis tous leurs biens en commun :

« Ils vendaient leurs propriétés et leurs biens, pour en partager le prix entre tous, selon les besoins de chacun. »

Actes II, 45.

« La multitude de ceux qui étaient devenus croyants n’avait qu’un cœur et qu’une âme et nul ne considérait comme sa propriété l’un quelconque de ses biens ; au contraire, ils mettaient tout en commun. »

Actes IV, 32.

Les premiers chrétiens ne versaient pas de dîme à la communauté. Ils partageaient leurs biens ou faisaient des dons en fonction des besoins et de leurs possibilités :

« Que chacun donne selon la décision de son cœur, sans chagrin ni contrainte, car Dieu aime celui qui donne avec joie. »

II Corinthiens IX, 7.

Cette règle était encore en usage un siècle plus tard, du temps de Tertullien (197 apr. J.-C.) :

« Et même s’il existe chez nous une sorte de caisse commune, elle n’est pas formée par une somme honoraire, versée par les élus, comme si la religion était mise aux enchères. Chacun paie une cotisation modique, à un jour fixé par mois ou quand il veut bien, et s’il le veut et s’il le peut. Car personne n’est forcé ; on verse librement sa contribution. C’est là comme un dépôt de la piété. En effet, on n’y puise pas pour des festins ni des beuveries, ni pour des lieux de stériles ripailles, mais pour nourrir et inhumer les pauvres, pour secourir les garçons et les filles qui n’ont ni fortune ni parents, et puis les serviteurs devenus vieux, comme aussi les naufragés... »

Apologétique XXXIX, 5-6.

Au sein de l’Église primitive donc, les dons étaient volontaires. Ce n’est qu’à partir de la seconde moitié du IVe siècle qu’ils sont devenus obligatoires et fixés au dixième des revenus en référence à l’impôt mosaïque. C’est le pape Damase (366-384 apr. J.-C.) qui, au IVe concile de Rome, en ordonna finalement le paiement à tous les fidèles sous peine d’anathème :

« Que les dîmes et les prémices soient payées par les fidèles ; si quelqu’un les refuse, qu’il soit frappé d’anathème. »


Thierry Murcia, 2001-2002 (corrections 2004)

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Quelques mots sur l’origine de l’impôt jusqu’à la dîme et son lien avec la Chevalerie<br /> Rappelons rapidement les bases de l'ancien régime : Le régime social actuel est un dérivé lointain et une altération monstrueuse de l'ancien régime gynécocratique, qui donnait à la Femme, la direction spirituelle et morale de la Société.<br /> Une Déesse-Mère régnait sur une petite tribu, qui, agrandie, devint une province, à laquelle souvent elle donnait son nom.<br /> La Déesse Arduina donna son nom aux Ardennes.<br /> C'est pour cela que les Nations (lieux où l'on est né) sont toujours représentées par une figure de femme.<br /> La Déesse-Mère était la Providence (de providere, celle qui pourvoit) de ceux qui étaient groupés autour d'elle. Elle les instruisait, elle les pacifiait ; car c'est elle qui rendait la Justice.<br /> Les hommes n'entreprenaient rien sans la consulter. Ils étaient ses fidèles et dévoués serviteurs. Ils étaient Féals, mot qui vient de Faée (fée) et a fait féodal (qui appartient à un fief).<br /> Le Fief (domaine noble) donnait à la Dame des droits féodaux auxquels les Seigneurs participaient, sous condition de foi et hommage.<br /> Les Seigneurs étaient rangés sous sa loi, qu'ils ne discutaient pas.<br /> Ils étaient des hommes-liges, ce qui voulait dire légaux. On les disait légals et féals, c'est-à-dire loyaux et fidèles.<br /> Les Déesses-Mères, en organisant le travail, divisèrent le sol et le délimitèrent pour les travaux agricoles. Elles donnèrent aux hommes la part de terre qu'ils avaient à cultiver. De là vint le mot tenancier, qu'on retrouve dans le vieux mot latin tenere (tenir ; celui qui a).<br /> Mais le tenancier devait donner une part de ses produits à la Mère, à l'organisatrice, dont le rôle moral, maternel, éducateur, n'était pas producteur des biens matériels nécessaires à la vie. Il fallait donc que l'homme travaillât pour elle et pour les enfants de la collectivité. <br /> Cette redevance (origine des impôts) fut d'abord le cinquième du produit du travail, de là le mot quinta (en espagnol, domaine), five en anglais (qui devint fief).<br /> Le mot domaine vient de Domina (la Dame).<br /> L’homme faisait cinq parts du produit de sa terre, en gardant quatre et donnant la cinquième à sa Maîtresse. <br /> Le travail que représentent ces quatre parts a eu des appellations restées dans les langues. Ainsi, arbé, dans les langues celtiques, veut dire quatre. De là s'est formé arbeit qui, en celtique, signifie travailler (en allemand arbeiten).<br /> Arabe est le nom donné à ceux qui étaient soumis à cette redevance.<br /> Arabe ne serait pas un nom de peuple, mais un nom générique désignant celui qui travaille la terre. Arare veut dire labourer.<br /> Les Bretons étaient quelquefois appelés arbi (hébreu, heber, arabe), ceux qui travaillent.<br /> Chez les Celtes, où Vyer signifie quatre, la grange dans laquelle se gardaient ces quatre parts fut appelée Vyer heim (vyer, quatre, heim, demeure), d'où nous avons fait ferme.<br /> Le souvenir du cinquième lot payé à la Maîtresse laisse également des traces dans le mot five, qui signifie cinq et dont on fait fief.<br /> Une ferme s'appela quinta chez les Ibères. Le grec pente, cinq, forma le latin penaere, payer l'impôt.<br /> Et, si nous poussons plus loin, nous trouvons que, dans la langue géorgienne, cinq se dit chuth, qui n'est que le schot celtique, tribut. En Corée, cinq se dit tasel, désignant par son nom même la taxe imposée au tenancier.<br /> La personne à qui était payé l'impôt s'appelait Fron (Frau, Dame). La terre de son obédience prit le nom de Fron-terre, dont nous avons fait frontière. L'homme tenancier se fixa sur le sol où il errait auparavant sans s'y intéresser. A partir de ce moment, il contracta des habitudes de permanence, et cela eut un retentissement sur sa vie morale ; ses affections passagères devinrent plus durables quand il demeura dans un même lieu. Mais ce fut aussi le commencement de l'idée de propriété foncière, qui devait avoir un si triste avenir à cause de l'exagération que l'homme met dans tout ce qu'il fait, et à cause aussi de ce manque de jugement qui l'empêche d'apercevoir les causes naturelles des choses, surtout du Droit des Femmes, ce privilège donné à l'autre sexe et dont il ne comprend pas le motif. C'est ainsi qu'avec le temps les hommes commencèrent à trouver bien lourde leur sujétion. Ils travaillaient sur un sol dont ils n'héritaient pas (la fille seule héritait). On vit alors des hommes, plus audacieux que les autres, s'attacher à la Maîtresse et prétendre partager avec elle la redevance des tenanciers.<br /> Alors le cinquième donné fut divisé, et chacune de ses deux moitiés devint un dixième (la Dîme).<br /> C'est ainsi que Joseph, à la cour de Pharaon, régla la taxe du peuple (Genèse, XLI, 24).<br /> Cailleux dit : « Le cinquième se dédoubla dans la suite, par la séparation des pouvoirs (civil et religieux), ce qui produisit la Dîme. »<br /> Lien : https://livresdefemmeslivresdeverites.blogspot.com/2017/07/la-chevalerie-et-le-graal.html<br /> Cordialement.
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T
Merci Anwen pour cette contribution.