26 Avril 2018
666 ou 616 ?
Le chiffre de la Bête : un “nombre d’homme”
On lit dans le Livre de l’Apocalypse (chapitre 13, 17-18), qu’au temps de la fin :
« Nul ne pourra rien acheter ni vendre s’il n’est marqué au nom de la Bête ou au chiffre de son nom. C’est ici qu’il faut de la finesse ! Que l’homme doué d’esprit calcule le chiffre de la Bête, c’est un chiffre d’homme : son chiffre, c’est 666. »
Ce passage a fait l’objet de bien des interprétations et suscité bien des craintes. À l’époque de la rédaction de ce texte – le ier siècle de notre ère – les chiffres « arabes » n’étaient pas encore en usage. En hébreu, en grec comme en latin[1], on écrivait les chiffres avec des lettres. À chaque lettre de l’alphabet correspondait donc un chiffre et inversement. Le nombre dont il est question ici correspond au nom d’une personne : « C’est un chiffre d’homme ». Le rédacteur s’adresse aux lecteurs de son temps. Il leur enjoint de faire preuve de finesse de façon à déterminer par eux-mêmes à quel individu – vraisemblablement un représentant du pouvoir politique (roi, empereur…) – ce nombre correspond. Nous avons donc à faire ici à une personnalité que chacun devait alors être en mesure d’identifier avec certitude. Mais il faut toutefois noter que certains manuscrits ont ici 616 au lieu de 666 et que cette variante est également bien attestée chez plusieurs commentateurs anciens. Comme nous allons le voir, loin d’être un obstacle, cette double possibilité de lecture va au contraire nous permettre d’identifier sans aucun doute possible le mystérieux personnage auquel ce nombre se rapporte.
[1] Exemple sans doute le plus évident : I, V, X, L, C, D, M = 1, 5, 10, 50, 100, 500, 1000.
Tout d’abord, dans la mesure où la Grande Babylone – « la Grande cité », « bâtie sur sept collines » (Apocalypse 17, 9), « qui règne sur les rois de la terre » (Apocalypse 17, 18) – se rapporte à la ville de Rome (cf. 1 Pierre 5, 13), celui qui y exerce le pouvoir et qui dispose d’un « trône » (Apocalypse 13, 2 ; 16, 10) ne peut logiquement être qu’un “César”. De l’avis de la plupart des spécialistes, après confrontation avec d’autres textes parabibliques de la même époque (les Oracles sibyllins), le meilleur candidat à ce titre de “Bête” est l’empereur Néron, meurtrier de sa mère.
En hébreu, justement, “Néron César” (NRON QSR) vaut 666. Mais, comme nous l’avons dit, le nombre 616 est également attesté par plusieurs témoins manuscrits et il n’est pas possible de dire avec certitude quelle est la leçon d’origine. Pas possible ? Vraiment ? En fait, les deux leçons sont potentiellement correctes. En effet, car “Néron César” peut tout aussi bien s’écrire en hébreu sans le “noun” (N) final (NRON QSR), ce qui lui confère alors la valeur numérique de 616 (ce qui, à ma connaissance, n’avait encore été jusqu’ici signalé par aucun commentateur). Quoique la seconde soit moins usitée – car moins connue – les deux transcriptions sont également correctes.
Il est difficile d’admettre ici une simple coïncidence. On a, au contraire, tout lieu de penser que c’est cette double possibilité de lecture qui, à partir d’un même nom, a donné naissance à deux nombres différents : 666 et 616. Deux valeurs qui, au final, se rapportent bien à un seul et même personnage…
Thierry Murcia, PhD (avril 2018)
Le chiffre de la Bête : un “nombre d’homme”
Néron César | ר | ס | ק |
| ן | ו | ר | נ |
666 | 200 | 60 | 100 |
| 50 | 6 | 200 | 50 |
Sens de la lecture ï |
R |
S |
Q |
|
N |
O |
R |
N |
Nero César | ר | ס | ק |
|
| ו | ר | נ |
616 | 200 | 60 | 100 |
|
| 6 | 200 | 50 |
PS : Adolph Hitler et gématrie
En réponse à une question qui m'a été posée via ma messagerie (il semblerait que mon courriel ne soit jamais arrivé à destination) :
La valeur numérique d'Adolph Hitler
Voir également :
La Fin du Monde (1) - thierry-murcia-recherches-historico-bibliques.over-blog.com
La Fin du Monde (1/3) Il n'y a guère eu d'époque, au sein du christianisme, qui n'ait connu ses croyants, isolés ou organisés en mouvement, convaincus de vivre " au temps de la fin ". La nôtre...
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